Le dumpster diving ou l’art de se nourrir dans les poubelles

Affiche du documentaire Dive!
Affiche du documentaire Dive!

Avez-vous déjà vu quelqu’un chercher de la nourriture dans une poubelle? Connaissez-vous quelqu’un qui l’a déjà fait? L’avez-vous déjà fait vous-mêmes? De nombreuses motivations peuvent emmener les gens à faire leur épicerie dans les poubelles des commerces d’alimentation, et la pauvreté n’est pas forcément la raison principale pour plusieurs.

Eh oui, bien que certains le fassent par nécessité, beaucoup le font simplement pour économiser des sous et sauver de la nourriture qui autrement aurait été gaspillée, le tout souvent avec un brin de contestation envers la société de surconsommation (et de gaspillage) dans laquelle nous vivons.

Glaneurs, freegans, dumpster divers, déchétariens?

Différents termes sont utilisés selon le contexte ou « l’auteur » pour parler de ces gens peu dédaigneux : glaneurs, freegans (qui se nourrissent gratuitement ), dumpster divers (plongeurs de poubelles), ou en français déchétariens. Il peut y avoir des nuances de sens entre ces termes, mais ça varie vraiment beaucoup d’une source à l’autre alors pour ma part j’ai une petite préférence pour dumpster divers et dumpster diving (l’action de plonger dans les poubelles), même si c’est en anglais et que ce n’est pas l’idéal (je sais!). Je n’aime pas « déchétarien », ça donne l’idée que les gens mangent des déchets et, pour moi, si c’est encore comestible et salubre, ce n’est pas un déchet, c’est un aliment qui a été jeté. À moins qu’on pense à un itinérant qui se nourrit de restes de fast food jetés dans des poubelles publiques, là peut-être que déchétariens est un terme adéquat, mais à mon humble avis pas pour désigner les gens qui collectent les beaux aliments entiers, souvent emballés, dans les conteneurs des commerces. Pour ce qui est de « glaneur », le terme est aussi utilisé pour les gens qui sauvent des aliments dans les champs, entre autres, donc on sort du contexte des poubelles. Bref.

Il semblerait que le dumpster diving soit une pratique surtout répandue dans les grands centres, donc je ne pourrais dire si ça se fait partout à travers le Québec, mais ça se voit beaucoup à Montréal et à Québec.  D’ailleurs, le sujet fait régulièrement l’objet de reportages dans les médias (dont celui-ci et celui-là); on m’a même invité à en parler sur les ondes de TVA et LCN au printemps dernier. Le « phénomène » est loin d’être nouveau, mais il semble prendre de l’ampleur et il pique assurément la curiosité.

Abondance de bonnes choses

C’est qu’il y a de quoi manger dans les poubelles, et pas juste de la cochonnerie, au contraire! Les commerces d’alimentation (boulangeries, fruiteries, supermarchés, etc.) jettent tous les jours des tonnes d’aliments tout à fait propres à la consommation. Il suffit que les produits de boulangerie ne soient plus frais du jour ou que les fruits et légumes soient légèrement abîmés ou défraîchis pour se retrouver aux ordures, sans parler de tous les produits « passés date » en parfait état (ou presque). En connaissant les bons endroits, il peut être très facile de s’approvisionner en aliments convenables de toutes sortes. Il suffit d’avoir un bon jugement et des connaissances de base en hygiène et salubrité des aliments pour savoir quoi prendre et comment le cuisiner pour ainsi se nourrir gratuitement, sainement et à très peu de risques, à condition de ne pas être dédaigneux évidemment!

À Montréal, il y a l’emblématique Coop sur Généreux, un logement collectif d’une douzaine de personnes (principalement des étudiants ou de jeunes travailleurs) qui s’approvisionnent en grande partie dans les poubelles de commerces avoisinants. En 2007, la Coop a même organisé et tenu le « Banquet des Rescapés », un repas pour 200 personnes de la rue préparé à partir de nourriture collectée en une seule journée dans les bennes à ordures de supermarchés. 200 personnes avec les rejets d’une journée, oui oui, rien de moins! (Un documentaire intitulé « La chasse au trésor » avait été réalisé et diffusé sur le web, mais il semble introuvable aujourd’hui malheureusement.)

Pas plus tard que le 1er décembre dernier, la Coop affichait ceci sur sa page Facebook : « This is how we eat every night at the coop! Total cost ~$10. Actually the total cost was $6. », bref environ 6$ déboursés pour le généreux (jeu de mot intentionnel 😉 ) repas ci-dessous!

Source : Coop sur Généreux (page Facebook)

 

Du côté des États‐Unis, un homme qui était au départ un « simple » citoyen engagé faisant du dumpster diving pour nourrir sa petite famille est rapidement devenu très préoccupé par la grande quantité de nourriture qu’il trouvait dans les conteneurs des supermarchés, ce qui l’a conduit à produire l’excellent documentaire Dive!.  Tiens, ça me donne l’idée, je pourrais essayer d’organiser une projection publique de ce film vraiment pas plate, il y aurait des intéressés?

Et puis, que pensez-vous du dumpster diving? Le feriez-vous? 

 

 


Intéressés par une conférence sur le gaspillage alimentaire en général ou sur un volet précis? N’hésitez pas à me contacter : eric.lenverdeur@gmail.com

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